THE NINE MOONS
2015… It’s been 17 years, dammit! It’s been 17 years since the workshop was created, 20 years since the first guitar was made and still enjoying working as much, still having the same desire to discover new possibilities, so… thanks Life! The work is here, along with it the freedom to go where I feel like going. Now let me introduce you to my Moons project: there will be nine, all of them will be stringed or of plucked. You can play them on stage or in recording studio or at home but as for the shape, it will be according to the artistic thinking of the moment. These moons will be the satellites of my work, a space in which nothing is impossible. No time-frame for the final making: might be one year, three years, twenty years? I don’t know yet. The moons will only be for sale when they are all made…
2017… The nine moons are all made !
JOUR DE LUNES
November 2017 : The show “Moons’ Day”, as an opening (Premiere) in Issoudun
You can watch this video showing all the different steps in the process of this artistic and human journey gathering:
Philippe Berne, instrument-maker
Alexandre Michel, a musician and composer
Charles Ngombengombe, a dancer and choreographer
and all the musicians: Danilo Rodriguez, Thibault Grava, Federico Salva, Jean-Paul Hervé, Jules Neff and Antoine Carteret.
Octobre 2018 : “Jour de Lunes” est rejoué au Théâtre des Cordeliers à Annonay, introduit par le témoignage de Philippe Berne :
“J’ai 5 ou 6 ans. Il y a un homme devant moi qui cherche méthodiquement dans un tas de branches de frêne. Il les retourne, les examine, semble les classer, puis finit par en choisir une. Il en coupe les extrémités puis il s’en va. Je le suis, dans un minuscule atelier où il va couper, tracer, râper, poncer et finalement ajuster ce qui deviendra la poignée d’une faux (cette pièce en angle droit qui sert à tenir l’outil un peu plus près du sol). Cet homme c’est mon père et c’est, je crois, le plus vieux souvenir que j’ai de la transformation du bois en quelque chose de beau, lisse, doux et utile… Bonjour, je m’appelle Philippe Berne, je suis né à St-Sauveur-en-Rue, je suis le dernier d’une grande famille de paysans. J’ai une formation de menuisier, je suis artisan luthier depuis une vingtaine d’années et c’est justement à l’occasion de ces vingt ans que j’ai eu envie de fabriquer ces instruments, ces lunes, un peu comme pour fêter ça.
J’ai la chance de faire un métier qui jouit d’une certaine reconnaissance sociale et j’entends parfois « c’est sûr, vous êtes un artiste ! ». Mais les artistes, les peintres, les sculpteurs ou les musiciens ont une liberté totale avec les formes, les couleurs ou les sons qu’ils utilisent. Moi, je suis soumis à tout un tas de critères, de normes, d’habitudes et surtout de tradition. Elles pèsent parfois des tonnes, croyez moi… Essayez donc de vendre un violon carré dans un conservatoire ! Et si là, justement, fort des ces vingt ans de lutherie, de ces centaines d’instruments fabriqués, je m’autorisais à tout désapprendre et à chercher ailleurs, comme ça, juste pour la curiosité de dessiner, de savoir, de créer, bref de m’exprimer ? J’ai donc fabriqué « Luth & Architecture » en hommage à ce merveilleux instrument qu’est la guitare tout en respectant les repères tactiles de l’instrument pour le confort du musicien. La première « Lune » venait de naître. L’exercice ayant été plutôt agréable j’en ai dessiné deux, puis trois puis quatre et là, une ou même plusieurs questions se sont imposées à mon esprit : ces œuvres sont destinées à être jouées (ou pas ! Je rappelle que je suis artisan et qu’il convient de vendre ce que je fabrique… Donc si c’est accroché au-dessus de la cheminée, ça me va aussi !)… Dans le cas où elles sont destinées à être jouées, qu’en est-il de celui qui écoute ? En effet lorsque nous allons au concert, nous nous asseyons et nous regardons les musiciens jouer, ils sont beaux… Bien sûr, c’est bien connu, tous les musiciens sont beaux sinon nous ne passerions pas des heures à les regarder ! Par contre ils jouent sur des instruments semblables à tous les autres instruments. Alors, que se passerait-il si ces instruments étaient des œuvres d’art unique ? S’il y avait autant à regarder qu’à écouter ? La perception de la musique pourrait-elle en être changée ?
Pour répondre à ces questions une mise en situation était indispensable. Le hasard (s’il en est) a mis sur ma route Alexandre Michel, compositeur lyonnais venu s’installer nouvellement à Burdignes. Je lui ai proposé d’écrire une heure de musique pour et avec les Lunes (c’est d’ailleurs lui qui montera l’équipe qui va jouer devant vous). L’idée de voir ces drôles d’instruments sur scène jouer une musique qui leur était destinée était là, cependant il me manquait quelque chose… Depuis toute ma vie, je n’arrive à réfléchir qu’en marchant, j’ai besoin de déambuler, de flâner pour rassembler mes idées (c’est peut être pour cela que je n’était pas très bon à l’école, vous imaginez…) Alors, écouter une musique jouée par des musiciens assis, sur des instruments qui avaient été créés dans le mouvement était pour moi un non-sens, il manquait le mouvement. Et là, deuxième coup du hasard (s’il en est…), vient s’installer juste à coté de chez nous un couple avec deux petites filles pétillantes de soleil. Et ils sont tous deux danseurs et musiciens ! Je leur parle du projet et Charles me répond : « je vais être et danser la dixième Lune ! » Le spectacle était en train de naître. Pour ma part, j’allais aller de découvertes en découvertes…
Ce spectacle, nous l’avons présenté il y à un an à Issoudun lors du plus grand rassemblement de luthiers guitare en France. Ce soir je tiens à remercier toute l’équipe et au nom de tous la mairie d’Annonay, la Vanaude et le Théâtre des Cordeliers et ses techniciens pour nous avoir permis de finaliser ce grand projet. Et nous vous remercions bien entendu d’être là aussi nombreux ! Et bien maintenant, glissez-vous dans une bulle, écoutez, sentez, regardez et touchez du doigt les détails de ce voyage vers… les lunes ! Bon voyage”
Photographies Rachel Paty